Accueil ---> Contenu
de la revue --->
Résumés d'articles --->
La Résistance, enjeu du couple histoire-mémoire
Par Gil Empr
Ed. AUED, Valence, Études drômoises, revue trimestrielle, n°63 d' octobre 2015 pp. 5 à
9, Résumé d'après l'article
|
Ce documentaire retrace les faits d'armes de la résistance intérieure
française durant la Seconde Guerre mondiale. A partir d'images réalisées
par des opérateurs clandestins, de séquences d'archives, et des
reconstitutions, il présente le déploiement de la résistance dans le
maquis du Vercors jusqu'à son anéantissement par la Wehrmacht en juillet
1944.
Mémoire et mythes, une nécessité historique en 1945 ?
La figure du maquisard, du
combattant « les armes à la main », domine d’ailleurs les autres
formes de résistance dans les représentations.
Le premier film, Au cœur de l’orage en
1947, qui mêle images tournées en Vercors par des cinéastes envoyés
par Alger et propose des reconstitutions à chaud, rend essentiellement
hommage aux combattants.
Cette vision permet au
général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de s’appuyer sur
la Résistance, ses héros et martyrs et surtout son armée, pour rebâtir
une conscience nationale, retrouver la « grandeur » de la France et
oublier juin 40 |
La guerre froide, qui
débute en 1947 et s’inscrit autant dans le cadre national
qu’international, a été propice aux batailles de mémoire autour de la
Résistance : elle a divisé les associations de résistants et de
déportés. Elle a alimenté les polémiques, instrumentalisé la
résistance, renforcé les mythes.
Le Parti communiste s’appuie sur ses martyrs, ses «75 000 fusillés »,
son appel du 10 juillet 40 censé faire contrepoids à l’appel du 18
juin. De Gaulle, qui a fondé le RPF, utilise l’image de la France Libre
et sa stature personnelle comme instrument de lutte contre le PC pour
gagner les élections municipales de 1948.
La bataille de mémoire accompagne la bataille politique, qui est souvent violente, notamment à Grenoble en 1948.
La grande amnistie de 1953
fait polémique. Les résistants trouvent qu’il est bien tôt pour
oublier juridiquement les crimes de miliciens qui se sont fait oublier
(Paul Touvier) ou des criminels de plume, collaborateurs jamais
repentis comme Pierre-Antoine Cousteau ou Lucien Rebatet.
Les années 60, avec le
retour de De Gaulle sont les années du consensus « résistantialiste
», avec le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Dans
cette période, l’archétype du résistant est moins le maquisard
montagnard que l’homme de l’ombre, les hommes – et timidement les
femmes – des réseaux clandestins, qui apparaissent dans le film L’armée des ombres (1969).
|
Affiche pour le RPF |
Source Wikpedia : Le
maquis des Glières est un mouvement résistant français ayant opéré
entre le 31 janvier et le 26 mars 1944, durant l'occupation allemande,
sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie. Créé par l'Armée secrète,
il est commandé par le lieutenant Tom Morel et encadré notamment par
des anciens du 27e bataillon des chasseurs alpins d'Annecy. Le maquis
se dissout après avoir été encerclé et pourchassé par la Milice et la
Wehrmacht.

|
Les avancées historiographiques sont venues de l’extérieur au début des années 70.
Robert Paxton, un
américain qui n’a pas fait la guerre, a posé un regard d’historien sur
Vichy, regard exempt des enjeux de mémoire français. L’ouverture
progressive des archives publiques (après 30 ans) permet des études
riches et novatrices sur Vichy et les Français.
Le film Le chagrin et la pitié, qui
relativise la France résistante, montre sans fard dans une petite
ville les acteurs de la collaboration, mais aussi de la zone grise de
Français attentistes, plus débrouillards que héros, veules, vénaux. Le
film, interdit à la télévision jusqu’en 1981, modifie le regard,
notamment de la jeunesse.
Les mythes « résistancialistes » sont remplacés par d’autres, tout
aussi excessifs, le mythe d’une France lâche et veule.
Ainsi va le balancier de la mémoire. Après les héros, ce sont les
victimes qui tiennent le haut du pavé mémoriel. La période est toujours
surinvestie et tourne parfois à la concurrence des mémoires.
Il
semble aujourd’hui pourtant que le couple conflictuel
histoire-mémoire se rapproche, dans une vision plus nuancée, mais donc
moins édifiante de la période. |
| |