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Alliés et FFI au coude à coude Pourquoi arrêter les Allemands au nord de Montélimar ? (*) On peut s'interroger sur la tactique utilisée par les Américains, justement par rapport à ce sabotage du pont de Livron. Si les résistants ont accompli leurs missions premières : couper le pont, harceler (15), les Américains n'ont pas rempli la leur (empêcher la 19e Armée allemande de s'échapper). Pourquoi avoir choisi la Drôme plutôt que l'Isère, qui est une rivière de plus grande profondeur et de bien plus gros débit que la Drôme (équivalents à ceux de la Seine) ? Les unités blindées américaines qui occupent Grenoble le 22 août empruntent, le lendemain, la vallée de l'Isère jusqu'à Romans, sans être attaquées, elles y arrivent vers minuit. Or, Romans est tenue par la Résistance. Le 11e Cuirassiers de Geyer, et d'autres unités F.F.I., l'ont conquise après avoir vaincu la garnison allemande la veille. Les Américains avaient donc l'opportunité de tenir les ponts sur l'Isère à Romans, d'empêcher le passage des Allemands. Il ne serait plus resté à ceux-ci que le pont de Pont-de-l'Isère, au nord de Valence, déjà mal en point à cause des attaques aériennes alliées. La bataille de Montélimar Pourtant, le lendemain, les blindés américains reçoivent l'ordre de quitter Romans pour rejoindre Crest, où leur général est en difficulté16, laissant les Résistants seuls. Ils ne tiendront évidemment pas lorsque arrivent, le 27, les blindés de la 11e Panzer chargés d'ouvrir la route à la 19e Armée allemande qui «retraite à front renversé». Ces blindés ont déjà forcé le barrage qu'avaient installé les Américains avec sept chars (tous détruits) à la Coucourde. Les Allemands tiennent Romans jusqu'au 30 août au matin, ils font sauter les ponts avant de quitter la ville17, lorsque arrive l'artillerie américaine. Pourquoi les Alliés n'ont pas saisi cette opportunité offerte par le terrain, et par la Résistance ? Le «à-gauche» du général Butler dans la vallée de la Drôme pour occuper les collines de Marsanne, afin de tenter d'arrêter les Allemands aurait peut-être été plus efficace si on lui avait ordonné de le faire dans la vallée de l'Isère à partir de Grenoble. La réponse se trouve dans les difficultés d'approvisionnement en essence. Peut-être la cartographie se mêle-t-elle à cet argument. Des cartes de l'époque montrent des liserés bleus pour la Drôme et l'Isère qui ne permettent pas de les différencier, de distinguer ni la profondeur ni le débit de ces rivières. Elles ont pu paraître équivalentes à ceux qui les étudiaient sans connaître le terrain. Il est alors évident que les collines de Marsanne, Mirmande, Cliousclat, Grâne sont des positions idéales pour l'artillerie. La vallée du Rhône est très étroite lorsque ces collines descendent vers La Coucourde. Ce goulet est un point de passage obligé où on pouvait essayer d'intercepter la Wehrmacht. Les historiens s'accordent sur le fait que les Américains échoueront à cause de leurs maladresses tactiques,ne mettant pas les moyens adéquats au moment où il les aurait fallu18. Si leur infanterie était peu nombreuse, et les F.F.I. peu faits pour un combat frontal, les Alliés disposaient d'une supériorité aérienne totale. Le commandant Xavier - Fraisse -, jésuite, officier détaché par de Lassus au P.C. de Butler, estime d'ailleurs que c'est l'aviation qui a causé le plus de pertes aux Allemands19, qui se déplaçaient surtout la nuit. L'essentiel des troupes allemandes passe, malgré les bombardements. Ce ne sont pas les F.F.I. qui en sont responsables. Le rôle militaire des F.F.I. dans la bataille20 Comme l'écrit Lucien Fraisse, «Leur rôle ne doit être ni minimisé - comme il l'est trop souvent dans les récits américains - ni non plus exagéré - ce que j'ai constaté là aussi trop souvent»21. Comme partout en France, la Résistance en général, et les F.F.I. en particulier, jouent, en plus du rôle militaire, des rôles essentiels pour les renseignements, la reconnaissance, la pression psychologique sur l'ennemi. (*)
Extrait de l'article
de M. Patrick Martin in Études Drômoises N° 14-juin 2003, pages
26-29 - Il est membre du groupe de l' AERI Notes : 16
- Le 24 août, l'attaque combinée américaine et F.F.I. sur Valence
a échoué, et un groupe de combat allemand attaque en force vers
Grâne, dans la direction de Crest. La situation du général Butler
est alors délicate et il a besoin de renforts. Autres sources et liens : FFI et GI, coude à coude (cliquez) cliquez fiche de l'AERI, P. Baillot, relate notamment : "Le 30 août, après avoir attaqué le château de Montélier pour éviter la destruction du village par l'artillerie US : "Le général américain devrait savoir que nous ne sommes pas en Italie mais en France et qu'on ne détruit pas un village sans savoir ce qu'il y a dedans" voir vidéo de l'INA, remarque alors le lieutenant Micoud, la 5ème compagnie AS Sabatier et la 6ème compagnie AS Brentrup progressent aux côtés des États-Uniens en direction de Bourg-de-Péage".
De même, force est de constater que les FFI sont les plus engagés dans
cette bataille et souvent en contact direct avec l'ennemi. Nombreuses
sont les citations, parfois à l'ordre de l'Armée, exemple ici qui
honorent les FFI. Du côté des GI,
on a le cas notamment du Sergent Stephen R. Greeg installé dans l'entrée de la Mairie de Sauzet pour des faits de
guerre dans la combe de Savasse. Le plus souvent, il s'agit de plaque
honorant une
unité, c'est le cas par exemple de la 3e Division US
qui "libère", villes et villages traversés ou contournés par les "les
troupes allemandes"
retraitante dans la vallée du Rhône, afin de rejoindre leur pays
bientôt menacée par les Russes en "compétition" avec les
Alliés qui accélère ce processus. Du côté
Américains La
bataille de Montélimar
ou ici
de
Jeffrey J. Clark, le LTG Truscott est notamment mécontent face au
déploiement de la 36e
division qui a pour "mission première de bloquer la vallée du Rhône
dans l'interstice situé immédiatement au nord de Montélimar". In "Taste of War" d'Alfred
de Grazia, officier US Army des services de
propagande, apporte quelques remarques critiques à lire
ici . Du côté Allemands La
retraite des forces Allemandes
ou ICI
de
David Wingeate PIKE Le chaudron avorté Résumé de la conférence du
15/10/2004 de Michel VERGER Pendant
que le gros de l’armée de Patch tente d’accéder à la vallée du
Rhône,
le long de la RN 7, au sud, il faut interdire aux Allemands la
possibilité de s’échapper vers le nord, au niveau du goulet de la
Coucourde et à partir du plateau de Marsanne tout en profitant de la
coupure naturelle de la rivière Drôme (Crest-Livron). Les unités de la
« task force » Butler qui progressent vers Grenoble par la Route
Napoléon, à l’Est, sont ainsi brusquement
déroutées vers Marsanne et Loriol
par le col de Cabre
(Diois). Des unités du premier échelon (infanterie et chars), qui ont
reçu l’ordre en retard et qui sont déjà affairées sur Grenoble,
rejoindront plus tard en descendant la vallée de l’Isère et après avoir
vainement tenté, en chemin, de s’emparer de Valence. La 11ème Panzer-Division qui doit maintenir le passage de la Coucourde ouvert en direction du nord contre-attaque en direction de Marsanne et, plus au nord, s’assure de vive force la maîtrise de l’itinéraire de dégagement Romans-Hauterive-Beaurepaire. De part et d’autre du saillant américain de Crest-Marsanne, les unités militaires de la Résistance, rameutées, s’efforcent de flanc-garder et couvrir le dispositif, face à Montélimar au sud et face à Valence-Chabeuil-Romans au nord. Les Alliés, manquant de moyens au regard de l’ampleur de la tâche et difficilement ravitaillés en munitions par le col de Cabre, ne réussiront pas à verrouiller complètement le passage. Malgré un bilan impressionnant de pertes allemandes, le chaudron de Montélimar ne pourra se réaliser… ce qui a probablement sauvé la métropole du sud de la Drôme d’une destruction quasi certaine ! |
Il n'est
pas inutile de considérer les "motifs cachés de la guerre" lien ici pdf ici et autre lien pdf
ici qui conduisent à des choix stratégiques et tactiques. Il s'agit
aussi de prendre en compte les aspects politique et économique de la
guerre. Ainsi, la 19e Armée Allemande doit retraiter
rapidement et "économiquement" (sans livrer
bataille : lire l'article
de M. W. Pike) afin de défendre leur pays très sérieusement menacé
notamment à l’Est par les Russes. De
même, pour les Alliés, l’enjeu militaire est (probablement ?) de
réaliser
sans tarder la
jonction avec les troupes débarquées en Normandie afin, probablement,
de limiter
les prétentions Russes (*) dans le «partage» de l’Allemagne qu'il avait
dans premier temps soutenu, tout en
cherchant à exclure totalement la
France, et en négligeant encore aujourd'hui l'importance de la
Résistance notamment lors du débarquement en Normandie (cf. article) et (pdf ici)
où seul le commandos Kiffer, formé en Angleterre, a pu y
participer. En
effet, les États-Unis se
préparaient à
administrer la France voire à
l’occuper (**)
ont dû
y renoncer face à de
Gaulle vidéo ici ou
ici. De même, lors du débarquement en Provence les prouesses, en
particulier, de la première
Armée pdf ici du Gal
de Lattre de Tassigny pdf ici. (*) Après 14-18, le
réarmement de l'Allemagne facilité notamment par des prêts bancaires
destinés normalement à payer les dommages de guerre, devait contenir voire
détruire la Russie. Mais, intervient le repli Allemand. (**) lire l'article
: "comment la France passa de "l’ère Allemande à l’ère Américaine" cliquez ici ou bien ici
ainsi
que la remise en cause des acquis sociaux voir
note ici et un autre
article de Wikipédia sur les relations entre la France et les États-Unis
ICI donnent quelques repères sur cette
période de notre histoire avec nos amis États-Uniens. Déjà, sous l'occupation les résistants devaient, par exemple, payer deux fois plus que les allemands, pour les marchandises nécessaires aux maquis, avec le risque d'être dénoncé. La population voit la résistance comme une activité nuisible : voulant réintroduire la France dans la guerre. Cette Résistance issue majoritairement des classes populaires et/ou des FTP (communistes) etait susceptible d'accroître les malheurs de la population pour un objectif chimérique qui allait à l'encontre d'une classe possédante qui coopère activement avec l'occupant. De même, l'accueil de la population, lors du débarquement, n'était pas très chaleureux (Il fallait comme les Allemands payer l'eau, le lait ...). Ce type de témoignages et d'autres (Le Point 2010 N°1966) peut paraître marginal, mais quelques années plus tard, après la victoire, voir articles ICI et ICI il s'agit de discréditer toute la Résistance. Dans ces articles on note, par exemple, que la justice pénale s’est saisie d’un certain nombre d’affaires mettant en cause quelques résistants. La Résistance était considérée comme une menace pour l’ordre traditionnel rétabli, alors qu’il était jugé nécessaire de renoncer à l’indépendance nationale vis-à-vis des États-Unis (*), avec notamment l'OTAN et ICI ou encore ICI. Cela permet la mise en place de UE, création de l'oligarchie mondialiste. Cela peut expliquer, encore aujourd'hui, cette mauvaise connaissance de la Résistance, devenue minoritaire (peu de survivants) et aujourd'hui dérangeante pour la population (**) qui considére, avant tout, comme seuls libérateurs, nos amis Américains. Ces libérateurs, tant attendus depuis 1941, ont le soutien (contraint ?) des élus locaux, des responsables d'associations patriotiques, de la presse locale exemple ici et d'associations de reconstructeurs, comme Drôme 44 qui réalise des reconstitutions en faveur des Américains, lors du repli des allemands en Drôme (exemple ici). Cela éclipse souvent les manifestions consacrées aux résistants, dont le maquis Pierre. Le dernier couplet de la complainte du partisan ici est un signe de cette situation d'aujourd'hui. De même, il faut rappeler que fin 1943 et l’année 1944 marquent le retour de l’expérience directe de la guerre. C’est dans ce contexte douloureux que la Résistance pénètre le quotidien des habitants. Dans les zones de maquis, la confrontation aux représailles crée une véritable communauté de destin (cf. pdf ici : article de Cécile Vast mis à jour 14/05/2019. Sur la Résistance, voir vidéo d'Annie Lacoix-Riz. Enfin, autre exemple, lire ici, en 44, le général américain Robert Macon, permet, lors de la reddition de la colonne allemande du général Elster, de conserver armes et munitions afin de se protéger des résistants. (*) lire ici cette article intitulé : L’Union européenne dans la stratégie nucléaire du Pentagone. (**) notamment, d'avoir nourri tant d'espoirs et de les avoir vu s'effondrer, de se sentir indispensable et pourtant déjà encombrant, d'avoir sa vie devant soi, mais l'Histoire derrière lien ici. Voir aussi la structure sociale de la Résistance et les clivages ainsi maintenus encore aujourd'hui.L'épuration par d'Annie Lacoix-Riz voir aussi texte ici et article ICI
Après le débarquement en Provence et la
libération de nombreuses villes,
de Lattre de Tassigny a
permis de réduire la Poche
de Colmar (1). Ceci
tout
en
gagnant
la
confiance des Alliés, en
obtenant
auprès du Gal
Devers le
21e
corps d'Armée Américain du Gal
Milburn. De
même, avec
l’appui du Général
de Gaulle pdf ici, il
n’hésite pas, malgré l’opposition
des Américains à déborder la
ligne Siegfried afin de
pénétrer
en Forêt-Noire, de
prendre
Karlsruhe
et Stuttgart, après
de durs combats durant
lesquels il
réduit quatre divisions allemandes et fait 9 000 prisonniers. Il poursuit sur Sigmaringen, puis
Ulm sur le
Danube et
atteint la frontière
Suisse de
Bâle
à Constance. La campagne
dite «
Rhin et Danube » s'achève
au col
de l'Arlberg (vidéo),
en Autriche. Montgomery,
Eisenhower, Joukov et de Lattre, à Berlin, le
-
-
De Lattre garde le Rhin pour mieux le franchir ...
L'épopée de la 1ère Armée
(1) Le Général Barr, chef
d’état-major du général Devers (commandant du 6ème Groupe
d’Armée US qui englobait 12 divisions américaines et 11
divisions françaises) assistant
à une réunion
... Le général de Lattre lui dit : « Vous voyez bien
que
nous n’en sortirons qu’avec des moyens supplémentaires ;
donnez-moi donc ce 21ème Corps d’Armée qui n’a rien à faire ;
alors vous verrez ! » Le général Barr lui répond : « si l’on
accorde ce que vous demandez ; quand l’affaire sera-t-elle finie
? Le général de Lattre examine un instant la carte et lui répond
: « Le dix février au plus tard».Cf.
site Rhin et Danube
Après la défaite des Allemands, Devers, à propos de Lattre de Tassigny, devait déclarer :"votre nom sera inscrit dans l'histoire comme le grand libérateur de Colmar, comme celui qui a rendu la liberté et la paix aux Alsaciens¨ |