Gilbert Sauvan, une figure de la Résistance et de la politique, est décédé (9/2/21)![]() Voir article DL (ICI) photo DL
L’ancien maire de Cléon-d’Andran, Gilbert Sauvan, est décédé à l’âge de
101 ans. Sa disparition a été annoncée le 9 février par Marie-Pierre
Mouton, la présidente (LR) du conseil départemental de la Drôme,
saluant celui qui célébrait « en alexandrins les femmes et les hommes
de ce pays qu’il aimait tant ».
Enfant de la plaine de La Valdaine, né en 1919 à Cléon-d’Andran, il fut une figure locale de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) au sein de la 12e compagnie de l’Armée secrète. Il était notamment chevalier de l’Ordre national du mérite et chevalier de la Légion d’honneur. Paroles d'un résistance : A travers le temps : article de l'Agriculture dromoise Gilbert Sauvan : le regard d’un centenaire sur le monde agricole Ancien agriculteur et responsable d’organisations agricoles, Gilbert Sauvan a fêté ce 22 octobre son centième anniversaire. Riche d’un parcours politique (maire et vice-président du conseil général), l’homme n’a cependant jamais oublié sa passion de la terre dans son fief de Cléon-d’Andran. Quel
regard portez-vous
sur le monde agricole aujourd'hui ? Gilbert
Sauvan : « Nous vivons dans une ère pleine de difficultés. Selon moi,
nous ne prenons pas assez l'agriculture en considération. Les
producteurs ne sont toujours pas payés à la hauteur des prix de
revient. Certes, il y a des aides, même si elles arrivent souvent en
retard avec l'Europe... Mais cela ne suffit pas. Malgré tout, ici dans
la plaine, les agriculteurs bénéficient aujourd'hui du système
d'irrigation, ce qui leur permet de produire des céréales, du maïs
notamment. L'irrigation a sauvé la région. »
Avec
du recul, quelles
différences notoires constatez-vous entre l'ancienne et l'actuelle
agriculture ? Gilbert
Sauvan : « A l'époque, nos parents n'avaient pas beaucoup de matériels
modernes. Acheter un tracteur demandait un gros investissement. A ce
moment-là, ils n'avaient pas la possibilité de prendre des vacances sur
la Côte-d'Azur (rires). L'agriculture s'est modernisée. L'arrivée du
bio a été une révélation. Lors de mes dernières années à la chambre
d'agriculture, il y a près de trente ans, on s'intéressait déjà à ce
sujet, à voir comment nous pouvions faire évoluer les exploitants dans
ce sens-là, vers une agriculture plus raisonnée. Mais nous n'aurions
jamais pensé que ce soit un tel succès à ce jour et c'est très bien.
Cela permet non seulement aux agriculteurs d'avoir une valeur ajoutée à
leurs produits mais aussi d'améliorer leurs conditions de vie, même si
l'agriculture biologique réclame beaucoup d'exigences. »
Quelle
est votre réaction
quant à la montée en puissance de l'agribashing ? Gilbert Sauvan : « Je dirai que les médias cherchent à grossir les faits. Certaines images abîment le métier d'agriculteur. C'est difficile mais il faut comprendre les deux parties. Chacune a ses raisons. » Votre
père, Urbain Sauvan,
a longtemps été agriculteur. Que retenez-vous Gilbert Sauvan : « Mon père avait une vocation de chercheur. Il s'était consacré à faire rencontrer deux espèces de blé différentes, au moment de la floraison, pour créer des hybrides. Grâce à ce travail, il avait obtenu de nouvelles variétés, dont l'une a été homologuée dans les années 1930. Elle avait alors comme nom, le blé Sauvan. Ce blé dur, utilisé pour les pâtes alimentaires, a été cultivé jusqu'en Italie. Mais au bout de quatre décennies, le grain a dégénéré et il est devenu tendre... Il n'est donc plus commercialisé. » La
famille Sauvan a-t-elle gardé un
pied dans le monde agricole ? Gilbert Sauvan : « Lorsque mon fils Alain a pris ma succession, il a créé, en plus de la ferme, une pépinière et une activité de paysagiste. Il a aujourd'hui cessé son activité et ses enfants n'ont pas souhaité prendre la suite. Même si la relève n'est pas assurée, je ne suis pas déçu quand je vois la complexité du monde agricole aujourd'hui, les nombreux investissements à faire... » Quels
souvenirs
gardez-vous de votre engagement dans l'agriculture (*) ? Gilbert Sauvan : « J'ai mille souvenirs
dans le monde agricole. Ce qui m'a marqué le plus, c'est lorsque je me
déplaçais dans les salons agricoles à l'étranger, en Allemagne, au
Canada, au Japon, en Martinique... Je me souviens de la semaine verte
de Berlin, où nous tenions un stand de produits régionaux. Nous
constations que nos produits du terroir avaient du succès. C'était
gratifiant. D'autre part, lors de mes fonctions à la fédération
nationale des comités régionaux des produits agroalimentaires, j'étais
chargé de l'organisation du pavillon des régions de France au Salon de
l'agriculture. Je peux vous dire que j'ai vu passer du monde... et des
présidents ! » Propos recueillis par Amandine Priolet (*) Après des études agricoles, Gilbert Sauvan
a été moniteur de cours agricoles à Cléon-d'Andran de 1941 à 1943. Très
impliqué au sein d'organisations agricoles, il a pris la présidence des
Jeunes Agriculteurs du canton de Marsanne en 1948. Il a ensuite rejoint
la chambre d'agriculture de la Drôme en tant que membre puis
vice-président en 1959. Administrateur au sein de la chambre régionale
d'agriculture en 1970, il a occupé les fonctions de président du comité
de promotion régional des produits agroalimentaires, et de
vice-président national. Enfin, de 1966 à 2008, il a assuré la
présidence de la société des agriculteurs de la Drôme.
Anniversaire / Le 22 octobre dernier à Cléon-d’Andran, la commune et le Département de la Drôme ont organisé une cérémonie pour célébrer le centième anniversaire de Gilbert Sauvan, résistant et ancien agriculteur aux multiples mandats politiques « Un
second siècle » pour Gilbert Sauvan
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