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Les filles de la 2DB

Le Groupe Rochambeau et les Rochambelles
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    En 1943, une riche Américaine, Florence Conrad, acquiert dix ambulances Dodge avec le soutien de puissantes ligues féminines et crée le Groupe Rochambeau ICI vidéo(16) du nom du maréchal de France. A New York, elle recrute quatorze femmes dont Suzanne Torrès (future épouse Massu) qui avait déjà servi dans les SSA. Florence Conrad s’attribue le grade de commandant et nomme Suzanne Torrès lieutenant. Ces femmes débarquent à Casablanca la même année dans le but de rallier la 2e DB stationnée dans la région. Elles contraignent le Général Koenig à contacter le Général Leclerc pour se faire admettre au sein de la 2e DB (17). Leclerc, plus que sceptique, croit d’abord à une plaisanterie de la part de Koenig. Il lui semble inconcevable d’enrôler des femmes dans une division blindée et s’il accepte volontiers les ambulances, il refuse d’incorporer leurs conductrices. Il exige donc de voir ces femmes à l’exercice afin de vérifier qu’elles sont aptes à la tâche qu’elles prétendent accomplir. Somme toute, séduit par les ambulances, il finit par accepter ces femmes, mais uniquement jusqu’à Paris.
    Après cette première victoire, Suzanne Torrès recrute massivement des volontaires en Afrique du Nord. C’est ainsi que trente-six femmes intègrent une prestigieuse division de quinze mille hommes. Mais cette intégration est extrêmement difficile à cause de la méfiance et de la réticence que ces femmes suscitent (18), malgré un emploi pourtant traditionnellement féminin. Finalement, ce n’est pas tant la nature du métier qui pose problème ici mais bien le fait qu’elles pénètrent la sphère masculine du combat, du feu et de la violence, jugée contraire à la « nature » féminine. Avant tout ambulancières, celles que les hommes de la 2e DB surnomment « les Rochambelles » s’improvisent rapidement infirmières en mettant à profit la formation qu’elles ont reçue à New York 
    Elles sont affectées au 13e Bataillon Médical (BM), celui qui manifeste le plus de réticence à leur égard en les décourageant constamment. Rosette Peschaud, recrutée au Maroc se souvient : « Il nous a fallu faire la preuve que le courage d’une femme pouvait égaler celui d’un homme » (19). Les Rochambelles, comme toutes les infirmières et ambulancières de toutes les unités des armées de Libération, sont les femmes les plus exposées au feu puisqu’elles sont toujours en première ligne, au plus près des blessés.
    Elles quittent l’Afrique du Nord le 11 avril 1944 pour l’Angleterre. C’est là qu’elles se perfectionnent au métier de conductrice et de soldat : mécanique, marche au pas, respect de la hiérarchie, formation aux premiers secours dispensés par des ATS (20). Enfin, elles débarquent en juin 1944 à Utah Beach. A l’arrivée à Paris, Leclerc, prenant conscience du fait que leur présence est indispensable, les garde pour le reste de la campagne vers l’Allemagne.
    A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, elles sont soixante-cinq. Elles sont cinq à avoir laissé une trace écrite de leur aventure au sein de la
2e DB : Suzanne Torrès, Edith Vézy, Zizon Bervialle, Jacqueline Fournier et Rosette Peschaud (21). Marguerite Marchandeau est l’héroïne d’une biographie romancée dont l’auteure n’est autre que sa petite-nièce (22). Voir article  de France Info : Les Rochambelles, une histoire de femmes




Voir aussi vidéo de l'INA

(*) Le Corps des Volontaires Françaises et le Groupe Rochambeau de Elodie Jaumeau la revue Genre & Histoire, revue électronique créée à l’initiative de l’association Mnémosyne.
deux sites sur ce groupe :  http://www.marinettes-et-rochambelles.com et  http://enmemoiredelaresistance.unblog.fr/
    Voir l'article et vidéo de Raymonde Jeanmougin ambulancière de la Division « Leclerc » - décédée en 2018
16  Du nom du maréchal de France qui commandait l’armée de Louis XVI pendant la guerre d’indépendance (...)
17  Nommé maréchal à titre posthume, c’est son grade de militaire en activité qui sera donc utilisé (...)
18  Suzanne MASSU, Quand j’étais Rochambelle, Paris, Grasset, 1969, p. 57 et 85.
19  Rosette PESCHAUD, « Les Rochambelles », in Mechtild GILZMER, Christine LEVISSE-TOUZE et Stefan MAR (...)
20  Assistants Techiques de Santé.
21  Suzanne Torrès, Quand j’étais Rochambelle, Paris, Grasset, 1969, 255 p., Edith VEZY, « Gargamelle (...)
22  Marie-Gabrielle COPIN-BARRIER, Marguerite ou la vie d’une Rochambelle, Paris, L’Harmattan, 2001, 2 (...)