Célébrations de l’arrêt du
Train Fantôme en gare de Montélimar et la Libération de la ville
28 août 2020
Textes
proposés par Annie PEZ de l'ANACR de Montélimar
Le temps passe inexorablement ; demeure la mémoire inscrite sur
les plaques, avec ce rappel depuis le 28 août 1976, cela fait à présent
44 ans que la ville de Montélimar tient à associer la célébration de sa
libération à l’arrêt en gare le 19 août 1944 du Train Fantôme Ici.
La matérialisation de cette journée du 19 août revenait aux
comités locaux de l’Association Nationale des Anciens Combattants
de la Résistance et de la Fédération Nationale des Déportés, Résistants
et Patriotes.
La pérennité de la mémoire étant le souci premier des deux associations
initiatrices de cette commémoration, je ne saurais taire, en leur
nom, le réconfort capital apporté par la présence active de l’Amicale
du Train Fantôme, sa force de conviction appuyée sur la recherche
historique, avec la présence régulière de son Président, Guy Scarpetta
et de Charles Tessier, secrétaire Général, malheureusement décédé
récemment.
Ainsi est assuré le relais de la mémoire animé au fil du temps par des
allocutions de personnalités A.N.A.C.R. ou F.N.D.I.R.P.,
nous ayant quittés depuis : Marceau Brès, René Maisonnas,
Jean-Louis Tourasse. Marie-Louise Boisnard, dernière Présidente
F.N.D.I.R.P, nous a passés le flambeau… Portés par la confiance de nos
ainés, puisse perdurer demain les leçons de l’histoire avec celles et
ceux qui nous suivront (voir aussi l' article sur le Rond-point des Résistants et des
Déportés, à Montélimar).
Le Train Fantôme
Après le premier regroupement de Déportés à Bordeaux le 30 juin
1944, le convoi a véritablement entamé son sinistre parcours à partir
de Toulouse le 9 août 1944. Il s’agissait, pour les nazis, de
rassembler le plus grand nombre possible de prisonniers
incarcérés dans le sud-ouest, avec pour destination deux camps de
concentration, au départ quelque 800 détenus, dont une centaine de
femmes, représentant 23 nationalités, destination Dachau ( ils y parviendront le 28 août ) et Ravensbrück atteint le 1er septembre.
Enfermés jusqu’à 80 dans des wagons à bestiaux , recroquevillés
par manque de place sur un peu de paille dans une chaleur suffocante,
les ouvertures étant oblitérées par des planches clouées, ils ne
survivent aux arrêts que grâce aux gestes de la Croix Rouge,
connaissant les pires privations, celle de la soif en particulier dans
un état de saleté, d’un manque d’hygiène indescriptibles.
Quelque trois semaines de parcours, de transbordements forcés comme à
Roquemaure où le pont sur le Rhône ayant été détruit, les Déportés,
sous la garde de S.S. armés se voient contraints à une marche de 17 kms
pour rejoindre Sorgues.
La « bête immonde » s’obstine alors que tout se désagrège pour
elle après les débarquements du 6 juin en Normandie et du 15 août en
Provence.
Dans
un tel contexte avec un convoi constamment menacé par les actions des
Alliés et de la Résistance, cette folie meurtrière et obstinée
demeurera à jamais l’expression même du fanatisme fou de l’idéologie
nazie.
Approche et arrivée à Montélimar
Quelque
9 jours après son départ, à l’approche de la gare de
Pierrelatte, le train est mitraillé sur toute sa longueur par
l’aviation alliée, ignorante de la nature du convoi, une action
contrastant une fois encore avec la connaissance du terrain de la
Résistance intérieure : ainsi, Lucien Dufour, capitaine Paris,
chef du
premier bataillon F.T.P., prend soin de vérifier s’il s’agit bien d’un
convoi de Déportés avant d’adopter des actions possibles pour en
freiner la progression.
Effroyable
vision que celle du train arrêté en gare de Pierrelatte,
de morts extraits des wagons, souillés de leurs excréments, les S.S.
refusant de laisser les blessés malgré tous les efforts du Docteur
Jaume. Ce dernier peut tout au plus prévenir par téléphone Mme Valette
Viallard, Présidente de la Croix Rouge de Montélimar, de la
situation
tragique du convoi.
Du train parvenu en gare de Montélimar
le 19 août, les nazis, tendus et agressifs, ordonnent à Mme Valette
Viallard de faire enlever les morts n’ayant pas survécu à leurs
blessures depuis Pierrelatte.
C’est
alors que le courage, la détermination de cette grande dame va
faire vaciller la volonté de l’ennemi, avec un échange verbal mémorable
:
« Je veux bien, dit-elle, prendre les morts mais je veux aussi
les blessés » en réponse, elle s’entend dire :
« Non,
les morts seulement et c’est un ordre »
Elle
réplique :
« Alors je refuse »
Les
morts sont néanmoins alignés sur le quai, les blessés étant à leur
tour descendus ; le chef SS hésite alors, puis, voulant sauver la
face,
ajoute à l’adresse de Mme Valette Viallard :
"Vous en êtes responsables, quand ils seront guéris, je reviendrai les
prendre".
|

Parcours
du train Fantôme

Gare de Montélimar

cliquez pour
agrandir
|
Profanation commise à Oradour-sur-Glane
du 21
août 2020
Le négationnisme des crimes du nazisme, perpétrés dans toute l’Europe
occupée, et du génocide monstrueux associé à son nom, qui firent des
millions de victimes délibérément assassinées, n’est pas une
opinion : c’est un délit.
Un délit puni depuis 1990 par la Loi dans notre pays, comme il l’est
explicitement par la législation d’une quinzaine de pays européens.
C’est aussi un crime contre la vérité historique, dramatiquement
attestée par la découverte des charniers des massacres perpétrés par
les nazis et leurs complices, tant au sein même des populations civiles
asservies que dans les camps de concentration, par des centaines de
milliers de témoignages directs, et même par les aveux de milliers de
tortionnaires y ayant pris part.
Ce délit contre la Loi, commis de manière récidivée par le
triste personnage mentionné dans l’inscription ayant ce 21 août 2020
souillé le monument à la mémoire des 642 victimes – femmes, hommes,
vieillards et enfants – massacrés le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane
par une unité SS de la Division Das Reich, a été sanctionné à plusieurs
reprises par la Justice.
Ce crime contre la vérité historique, dont la réalité reste
inscrite jusqu’à aujourd’hui dans les ruines du village martyre et dans
la mémoire de Robert Hébras, seul survivant du massacre présent parmi
nous et auquel nous tenons à réaffirmer notre soutien et dire notre
affectueuse estime, est particulièrement odieux par son contenu et par
le lieu choisi par son – ou ses – lâche(s) auteur(s) pour le commettre.
L’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la
Résistance, sa direction, tous ses adhérents, partagent l’émotion et
l’indignation de toutes celles et ceux qui condamnent la profanation
commise à Oradour-sur-Glane et exigent que tout soit mis en œuvre pour
en identifier le – ou les – auteur(s) afin qu’il(s) soi(en)t déféré(s)
devant la Justice.
Paris,
le 22 août 2020
|